C’était absurde. C’était magique. C’était incompréhensible. Bref, c’était parfait.

I did naaaht – Oh, hi Neuch!

Neuchâtel, tu n’y es pas allé avec le dos de la cuillère.
Ce samedi soir, on a vécu un moment de cinéma aussi improbable qu’un costume trois pièces pour une partie de football américain à un mètre de distance. The Room a tout donné – surtout ce qu’on n’avait pas demandé – et le public a répondu avec une passion qui ferait rougir les fesses de Johnny (le meilleur ami de Mark, au cas où vous l’auriez oublié).

Une salle en délire, une pluie de cuillères et un pont (presque) complet!

Certes, on ne saura jamais ce qu’il est advenu du cancer de Claudette, ni des dettes de Denny, ni de Peter, ni même du chien de la fleuriste (Oh hi, doggy!).
On ne saura pas non plus pourquoi tout le monde porte un smoking pour jouer au football, ni comment Johnny finance son appart, sa Lisa, son Denny…

Mais ce qu’on sait, c’est que vous étiez là, en force, prêts à saluer poliment chaque personnage, à faire pleuvoir les cuillères, et à exprimer votre soutien indéfectible à ce pauvre Golden Bridge et ses efforts pour apparaître en entier à l’écran.

Une faille spatio-émotionnelle plus qu’un film

Le public neuchâtelois a accueilli ce chef-d’œuvre du chaos avec toute la ferveur qu’il mérite. Enfin, on dit ça, on dit rien. Parce que The Room n’est pas vraiment un film : c’est une faille spatio-émotionnelle.

Les personnages changent de nom, de visage ou de personnalité sans que personne ne s’en formalise.
Entre les scènes de sexe recyclées, les raccords jour/nuit hors de contrôle, les incohérences abyssales, les dialogues surréalistes et ce toit en fond vert digne d’un tuto YouTube des années 1990, l’assistance a répondu présent : énergie folle, cuillères bien aiguisées, et une tendresse infinie pour ce magnifique ratage tragicomique.

Plus synchros que les dialogues mal doublés, plus fervents que les regards que Mark lance au vide, plus enthousiastes que Tommy Wiseau dans ses scènes pimentées.

Une projection d’une classe ultime

Merci, Neuchâtel, d’avoir répondu à l’appel et d’avoir fait de cette projection un moment unique, d’une classe ultime.

Les épaves romaines du lac de Neuchâtel n’ont qu’à bien se tenir : nous reviendrons tout bientôt avec d’autres naufrages.

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